samedi 4 avril 2009

Vin et poivron

Il y a longtemps que je ne vous ai pas parlé de vin.
Voici donc une brève note aujourd'hui pour vous présenter ce vin chilien (dont j'ai un verre en main maintenant) d'une étonnante qualité: le PKNT (pour «picante») carménère du vignoble PKNT du Chili.
Sans le connaître, je l'ai choisi à cause de son cépage, le carménère (on peut dire aussi dire la carménère et écrire carmenère ), un rescapé de la crise du phylloxéra, ressemblant au merlot sans en être et qui ne pousse nativement, depuis la dite crise, qu'au Chili.

L'image du piment qui apparaît sur la bouteille n'est pas vaine car le vin a véritablement un nez de poivron (de la même famille que le piment, je crois).
Sa saveur est également légèrement «pimentée» et il a une robe noire de missionnaire (mais on ne le boit pas dans cette position).

J'aime beaucoup ces survivants de catastrophe (comme, par exemple, chaque élément de Pompéi, Herculanum et Stabies qu'on a pu ramener au jour, ressusciter) dont fait partie aussi le carménère car en le buvant j'ai l'impression de faire un pied de nez au destin et à la fatalité et cela multiplie infiniment mon plaisir.
À votre santé, chères visiteuses et chers visiteurs de ce blogue!
Voici des grappes de ce cépage triomphant.


Et j'ajoute un poème de Baudelaire, vous devinez lequel:


L'Âme du Vin

Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles:
«Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité!

Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,

Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content;

J'allumerai les yeux de ta femme ravie;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.

En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur!»


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