samedi 18 avril 2009

Un Précurseur?

La croix que tient Jean le baptiste est anachronique
car
Jean a été exécuté avant la crucifixion de Jésus.
Elle fait partie de l'accord dont je parle ci-dessous
et, comme toute l'iconographie chrétienne,
fait partie d'une massive propagande bimillénaire
pour présenter comme vérité ce qui n'est que fiction.

Selon certains, l'importance de Jean-Baptiste (ici celui du Titien, que j'ai trouvé aujourd'hui dans la colonne de droite de ce blogue) au sein du christianisme serait le résultat d'un accord entre les disciples de Jésus (du moins ceux qui se disaient tels mais n'étaient que les disciples de ceux qui avaient inventé Jésus en le attribuant titre grec de « Christ ») et les disciples de Jean le baptiste, les « johannistes » qui, eux aussi, aspiraient à fonder une secte juive pour transmettre ce qu'ils considéraient comme le message de leur fondateur.
Au terme de cet accord (qui a suivi une longue période de concurrence) les « johannistes » « fusionnaient » avec les auto-proclamés « chrétiens » et Jean se voyait accorder, avec la dignité de cousin et de précurseur du Christ, une grande importance dans la nouvelle secte -de moins en moins juive- (laquelle, avec ce ralliement, pouvait aspirer à s'imposer comme religion).Accord tenu par les Chrétiens, comme vous le voyez : Jean-Baptiste est l'un des saints les plus représentés dans l'iconographie occidentale (peut-être aussi orientale orthodoxe).
Et sa légende (avec notamment les personnages de Salomé -voir ci-dessous la représentation que le Titien a faite de celle-ci- et d'Hérodiade) a fait l'objet de poèmes, d'opéras (Massenet), etc.Voici la 3e partie du poème « Hérodiade » de Mallarmé, qui met en scène Jean-Baptiste dont, comme vous l'avez peut-être entendu raconter, la tête fut tranchée à la demande de cette Hérodiade et pour récompenser la danse de Salomé*, sa fille :

III. CANTIQUE DE SAINT JEAN
Le soleil que sa halte
Surnaturelle exalte
Aussitôt redescend
Incandescent

Je sens comme aux vertèbres
S'éployer des ténèbres
Toutes dans un frisson
A l'unisson

Et ma tête surgie
Solitaire vigie
Dans les vols triomphaux
De cette faux

Comme rupture franche
Plutôt refoule ou tranche
Les anciens désaccords
Avec le corps

Qu'elle de jeûnes ivre
S'opiniâtre à suivre
En quelque bond hagard
Son pur regard

Là-haut où la froidure
Éternelle n'endure
Que vous le surpassiez
Tous ô glaciers

Mais selon un baptême
Illuminée au même
Principe qui m'élut
Penche un salut.

La belle Salomé avec son trophée,
la tête tranchée de
Jean-Baptiste.

Si vous observez bien, vous verrez que Le Titien
a utilisé ici la même tête que celle qu'il avait
attribuée à
Jean le baptiste dans la toile
que je vous ai présentée en haut de cette note.
Persévérance du propagandiste menacé
par une Inquisition puissante et minutieuse,
équivalente au KGB ou à la Gestapo,
mais plus criminelle encore que ces « polices »
puisque ses exécutions, ses meurtres et ses tortures
se sont continués sur plusieurs siècles
et sur plusieurs continents.


*Je viens de prendre conscience que le prénom féminin « Salomé » est le correspondant du prénom masculin « Salomon ».

2 commentaires:

orfeenix a dit…

Je suis stupéfaite par l' expression candide et détachée de la jeune fille presque une enfant et y vois un archétype de la rouerie féminine dont il n' y a pas lieu d' être fière!

Jack a dit…

La pauvre petite n'a été que l'instrument innocent de sa mère Hérodiade.
Mais tout cela relève de l'imagination et cette représentation de la «rouerie» féminine, comme vous dites, est celle qu'ont créée et imaginée de toutes pièces les barbons épiscopaux et pontificaux au cours des siècles.
Fictions! Fictions!

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