jeudi 9 avril 2009

Le Destin posthume incomparable d'une femme

Je ne sais pas si, comme moi, vous vous étonnez parfois de la carrière posthume de cette petite provinciale juive analphabète qui est née sous le principat d'Auguste et qu'on appelle maintenant « Mère de Dieu » (Théotokos-Θεοτόκος en grec).
Que vous vous étonniez ou non, il n'en reste pas moins que cette véritable déesse du christianisme, plus grande même que les déesses imaginées par le paganisme parce qu'elle est seule à jouer ce rôle, a eu une destinée et une présence immenses, incomparables, dans la culture et l'art occidentaux.
Par la concurrence qu'elle fait à Dieu*, dont elle est proclamée mère, je le répète, elle est l'une des causes majeures, j'en suis sûr, du fait que la civilisation occidentale est celle où les femmes sont les plus proches de l'égalité avec les hommes.
Et dépasseront ceux-ci, avec raison, dans l'avenir (qui a dit que « la femme était l'avenir de l'homme » ? Louis Aragon, n'est-ce pas ? Ou Paul Éluard ?)
Et dans la musique (puisque la prière qui s'adresse à elle, l'Ave Maria, est aussi prisée par les croyants chrétiens que celle qui s'adresse à Dieu même, le Pater Noster), les « Ave Maria » sont d'une quantité infinie, comme ils le sont aussi dans la peinture (sous le nom d'« Annonciations »).
Ces « Ave Maria » font même l'objet de fraude comme celui que je vais vous faire entendre en plusieurs versions (c'est Jeudi saint et même si Marie n'est aucunement concernée par les évènements commémorés ce jour-là, je profite de cette commémoration pour vous présenter cette aria).
Cet « Ave Maria » de fraude, c'est celui que le Soviétique (oui le Soviétique) Vladimir Vavilov a composé vers 1970 et a attribué à Giulio Caccini avec lequel le style de la composition de Vavilov n'avait rien à voir.
Et malgré cela, j'aime beaucoup cet « Ave Maria », qui n'est pas du tout comme ceux qu'ont composés par exemple Schubert ou Gounod, car il ne comporte pas le texte complet de la prière (que je vais vous présenter plus bas) mais consiste seulement en la répétition des deux mots: « Ave Maria ».
Le voici par Andrea Boccelli accompagné par le chœur et l'orchestre de l'Accademia Nazionale di Santa Cecilia (page en anglais au bout de ce lien) dirigés par Myung-Whun Chung :





Deuxième interprétation, celle de Sumi Jo, accompagnée par L'Orchestre du Gürzenich de Cologne dirigée par James Conlon :




Le voici enfin par la soprano Ewa Iżykowska (aucun lien), accompagnée au piano par Jerzy Maciejewski (page en anglais au bout de ce lien) :




Et voici les paroles de cette prière dont je vous invite à aller lire l'histoire ici :
En latin :

Ave Maria, gratia plena,
Dominus tecum,
benedicta tu in mulieribus,
et benedictus fructus ventris tui Iesus.
Sancta Maria mater Dei,
ora pro nobis peccatoribus,
nunc, et in hora mortis nostræ.
Amen.

En français :

Je vous salue, Marie pleine de grâce;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes
Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen. 


* Elle est même plus Dieu que lui car elle ne condamne jamais et aime toujours, comme devrait le faire un Dieu normalement constitué, si les vieillards habillés comme des poupées qui le font parler -comme s'il était une marionnette et eux ses ventriloques- se taisaient enfin et allaient soigner leurs maux ailleurs.

4 commentaires:

orfeenix a dit…

Il n'y a pas à dire, la religion, ce sont les athées qui en parlent le mieux!

Jack a dit…

Oui, en particulier quand il s'agit de littéraires car ils ne croient pas, ils observent et lisent comme des textes de fiction et de poésie toutes ces histoires qui n'intéressent pas vraiment les croyants qui, eux, égoïstes et ignorants et semeurs d'ignorances, ne pensent qu'à leur illusoire salut personnel et non pas à voir la structure et la beauté de ces fictions.

Orage sur Océan a dit…

Je me suis amusée à faire une expérience. Après avoir écouté chaque version, (la quatrième exceptée qui s'interrompt dès le début) je les ai fait jouer ensemble...
Sergej Jegers domine.
Merci pour ce plaisir inattendu, moi qui aime tant l'inattendu.

Jack a dit…

Je n'y avais pas pensé: je vais sûrement l'essayer.

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